Tournée des Vainqueurs - District Douze
« Ça fait mal de grandir, changer. Si on vous dit le contraire, c'est un mensonge. »
Léo Lefoudre & Judith M. Velsone
J'étouffe. Je n'en peux plus de faire des apparitions dans chaque district et de sentir tous ses regards de haine converger sur ma personne. Aujourd'hui le train m'a déposée au Douze, j'ai fait une apparition dans une longue robe rouge sertie de perles noires disposée un peu partout sur le tissu. J'ai fais mon discours habituel, très court et je suis repartie. Je n'ai pas eu le temps de bien observer la place mais je l'avais déjà assez vu lors des moissons retransmises à la télé, le plus pauvre des districts... Ils doivent tous me haïr plus que les autres car même si je n'ai pas tué les tributs de leur district, moi je viens du Un, du district exactement opposé au statut du Douze, plus que jamais leur sentiment envers moi me transperce. J'ai si mal.
Perdue ma souffrance, je ne vois pas venir les stylistes qui décident de me faire venir pour les essayages du soir, on doit me trouver une nouvelle robe pour le festin que le district a préparé à l'occasion de ma victoire. Si ce n'était que moi, je n'assisterai même pas à ce dîner et je m'empresserai de prendre le train pour rejoindre mon foyer. Trouver un moment de solitude avec mon paternel et pleurer longuement dans ses bras pour faire ressortir tous les sentiments que j'ai enfoui au fond de moi depuis que je suis entrée dans l'arène. Les Jeux m'ont fait paraître une jeune fille que je n'étais pas, je veux pouvoir lui dire à quel point je n'avais pas le choix, que j'étais obligée de me former une carapace. Mais bien sûr je n'ai pas le choix, je dois attendre demain pour le rejoindre. En attendant je prends mon mal en patience et enfile robes après robes pour la soirée. Je ne suis pas compliquée et je ne m'oppose nullement aux stylistes alors une fois qu'ils ont trouvés la merveille qui m'habillera ce soir, je me vois donner du temps libre pour faire ce dont j'ai envie. La logique voudrait que je reste cloîtrée dans l'hôtel de ville mais je n'ai aucunement l'envie de rester encore une fois enfermée. A travers les vitres du grand bâtiment, je regarde la vie reprendre son cours à travers le district minier; pour la première fois je remarque que même les jeunes enfants ne s'amusent pas, ils ne profitent pas de l'insouciance qu'ils devraient avoir. Je ressens encore un plus grand mal en moi et quitte le bord de la fenêtre pour aller m'asseoir en face d'un miroir. La glace me renvoi le reflet triste d'une jeune fille à la mine blazé et fatiguée, les longs cheveux clairs commencent à former quelques boucles par ci par la et mes yeux sombres ne laissent voir aucune expression, j'ai l'impression de me revoir à la sortie de l'arène.
Je ne supporte plus ce visage triste en face de moi, je ne supporte pas non plus de respirer l'air de la liberté. D'un coup j'écarte ma chaise, je me lève, attrape quelques habits au hasard disposés sur le lit et sors enfin. Je perçois des regards intrigués durant ma descente mais personne s'interpose sur ma route alors je continue. Aussitôt après avoir poussé les grandes portes je suis prise d'une forte odeur de charbon qui me pousse de suite à plaqué un bout de manche de ma veste sur mon visage mais la forte odeur ne me fait pas retourner d'ou je viens. J'avance à petit pas à travers le district en subissant les regards noirs de quelques habitants qui remarquent ma présence, certains trop occupés par leur besogne ne me prête pas attention. Au bout d'une rue, je vois un groupe d'enfant qui doit avoir une dizaine d'année chacun et qui tiennent de gros sacs remplis à ras bord; en passant à côté d'eux je peux voir que le sac devait être blanc au par avant mais la poussière de charbon avait du peu à peu le recouvrir tout comme tout ce qui se trouvait dans le district. La ville entière est constamment recouvert d'un voile gris, c'est un paysage désolent et triste qui est offert à la vue des habitants. Je plains les gens de son district, et au fur et à mesure que j'avance je sens mes forces fuir mon corps tant les lieux sont tristes. Je décide finalement de rebrousser chemin quand j'aperçois des grillages empêchant l'accès à la forêt. Je m'avance tout prêt et reconnaît des fils électriques, c'est étrange d'habitude dans les districts pauvres les besoins sont grands et les sources minces, pourquoi gaspillait l'électricité à barrer le passage alors que le district doit terriblement en manquer pour alimenter les maisons, les rues et les mines. Perché tout près du grillage, j'étudie la question qui me paraît totalement illogique.CODAGE PAR MADOUCE SUR EPICODE
Dernière édition par Judith M. Velsone le Dim 12 Mai - 17:33, édité 1 fois